Le Premier by Nadia Coste

Le Premier by Nadia Coste

Auteur:Nadia Coste [Coste, Nadia]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Scrineo
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


3. Maître

Les yeux du chamane s’habituèrent à la clarté inhabituelle de la pièce. En plus de l’immense cheminée de pierre, des dizaines de torches accrochées aux murs brûlaient d’un feu puissant qui accentuait la chaleur étouffante qui régnait à cet endroit. Des serviteurs s’activaient près de grandes tables poisseuses. Ils défilaient les uns après les autres pour arranger les reliefs d’un banquet. Tous semblaient à moitié endormis. Leurs livrées colorées tombaient mal sur leurs épaules, preuve que l’arrivée de Vaïn créait une agitation inhabituelle. Même le maître des lieux – un homme aux tempes grises dont la toge peinait à dissimuler le ventre rebondi – avait l’air d’être tombé d’un lit où il venait à peine d’entrer. D’épais bourrelets de peau entouraient ses yeux rougis par l’alcool et la fatigue. Il ouvrit les bras en voyant Vaïn.

— Ah ! Voilà le fameux voyageur !

Maître Benoni se leva d’un siège de toile bas sans cesser de parler.

— Bienvenue, bienvenue, cher ami ! Je suis l’humble administrateur de cette cité.

Vaïn recula d’un pas, ce qui suffit à dissuader l’autre de le toucher, mais l’haleine avinée du maître des lieux parvint tout de même jusqu’à lui.

— Que me voulez-vous ? grogna Vaïn de plus en plus oppressé.

— Oh, voyons ! Avec une réputation telle que la vôtre, vous avez sans doute beaucoup à raconter… Il me tarde de vous entendre faire le récit de vos voyages.

Il lui indiqua de le suivre jusqu’à la table du banquet. Le garde – Sezni – fermait la marche en empêchant Vaïn de faire demi-tour.

Rien qu’à la vue des filets de viande froide, des petits pains, des fruits et du vin qu’on lui apportait, l’immortel eut la nausée. Son palais avait oublié les saveurs de ces mets. Tout ce qui n’était pas du sang tiède tout juste échappé des veines d’un animal ne méritait pas d’être ingéré.

— Mettez-vous à l’aise et mangez ! s’amusa Benoni.

Un serviteur fit mine de débarrasser Vaïn de l’épaisse pelisse d’ours qui le couvrait. Celui-ci ne se laissa pas faire, découvrant les dents comme un animal pour protéger ses biens. Son instinct le poussait à feuler en direction des mains intrusives, mais il se retint juste à temps.

Benoni le dévisagea, un peu inquiet. Sezni semblait toujours fasciné par chacun des gestes du nouveau venu.

— Je ne suis pas ici pour perdre du temps en collations nocturnes, grommela Vaïn. Si vous avez entendu parler de moi, vous savez ce que je fais, non ?

— Vous libérez les villages du mal qui les ronge, répondit Benoni sérieusement.

Vaïn hocha la tête.

— Écoutez, reprit le maître de la cité. Ici, nous sommes prospères. Le commerce va bien, les récoltes n’ont jamais été aussi abondantes, et les bêtes de nos élevages sont obéissantes. Aucun mal mystérieux ne demande votre intervention.

Il ricana en se désignant :

— Vous ne trouverez ici qu’un vieillard qui n’a plus la santé pour voyager sur de longues distances et qui aimerait avoir des nouvelles du pays.

Mentalement, Vaïn tenta de traduire les paroles de Benoni.

« Il est trop gros pour monter à cheval », affirma Qu’une Corne.



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